Mères Veilleuses : éduquer nos vertus
Rechercher la grandeur par imitation d’un modèle : le Christ. La voie de l’église catholique.
Vouloir être grand
La grandeur personnelle est la tension du cœur, de l’intelligence et de la volonté vers les grandes choses.
Nous avons tous reçu des talents qui sont des dons, et demandent de notre part reconnaissance et gratitude. Ces capacités peuvent nous entraîner à deux attitudes, l’orgueil de quelque chose qui n’est pas de mon fait, et la modestie qui peut mépriser ces dons. La modestie n’est pas l’humilité ! Le « pardonnez-moi
les gars si j’existe » n’est pas être humble mais être lâche !
L’humilité est une vertu spécifiquement religieuse ; elle consiste à reconnaître que tout ce que j’ai et suis qui a de la valeur, vient de Dieu (et non pas de moi) ; elle est donc parfaitement compatible avec la conscience de sa valeur personnelle. L’humilité consiste à mettre ses talents au service de l’autre. Et vouloir être grand, c’est vouloir expérimenter au maximum la condition humaine.
Nous avons tous nos fragilités et nos faiblesses. S’en contenter tant qu’on ne fait pas le mal, est signe de médiocrité et n’est pas digne de « collaborateurs de Dieu », par nature et par volonté. Il ne s’agit pas de choisir entre le Bien ou le Mal, mais dans le Bien, entre le grand et le petit.
Sans volonté forte et un cœur pur, l’intelligence mise en avant dans notre société, ne fonctionne pas correctement, il faut les trois. Pour cela, il faut se fixer un cadre, pour apprendre à confronter ce que je suis en profondeur avec l’environnement, et vivre avec cette dignité extraordinaire qui me vient de Dieu. Il
faut prendre des risques, ne pas avoir peur de se tromper. Allier profondeur et action : faire que ce soit « mon moi profond » qui agisse, et non faire ce que je veux qui est très souvent le caprice de « mon moi superficiel ». Ne jamais avoir fait de grosses erreurs peut être signe de médiocrité.
Pouvoir être grand
Pour pouvoir être grand, homme dans sa plénitude, fils de Dieu, il nous faut travailler ce qui s’appelle des vertus ou la maîtrise de soi. Maîtriser son corps avec la volonté, l’endurance, et le courage, maîtriser son intelligence, avec la vertu de prudence et la recherche de la justice , et maîtriser son cœur, avec la
magnanimité et l’humilité.
« Les vertus nous rendent efficaces car elles nous confèrent un pouvoir particulier : le pouvoir de prendre les bonnes décisions, de prendre des risques, de maintenir le cap, de diriger nos passions et d’utiliser leur énergie vitale, de communier et communiquer efficacement avec les personnes, de réaliser de grandes choses et de servir les hommes en les faisant grandir » Alexandre Havard
Plusieurs voies existent. Gandhi a dit : « la voie de l’amour ( le christianisme) est la plus rapide, mais aussi la plus difficile. »
Saint Bède le Vénérable (v. 673-735), moine, docteur de l’Église , nous aide à préciser ce modèle proposé : « le Christ ».
« En hébreu « Jésus » veut dire « salut » ou « Sauveur », un nom qui désignait pour les prophètes une vocation très déterminée….
Le mot « Christ », lui, désigne la dignité sacerdotale ou royale. En effet, les prêtres et les rois étaient « chrismés », c’est-à-dire oints d’huile sainte … C’est à cause de cette onction qu’il est appelé Christ, et que ceux qui ont part à cette même onction, celle de la grâce spirituelle, sont appelés chrétiens. »
Être chrétien c’est choisir pour soi cette dignité spirituelle, c’est reconnaître qu’on est appelé en profondeur à collaborer à l’œuvre du Dieu vivant.
Jean-Paul II, pape du 20ème siècle, a écrit :
« Que signifie construire votre vie sur le Christ ? Cela signifie se laisser prendre par son amour.
Un amour qui demande cohérence dans le comportement, qui exige que l’on adapte sa conduite à la doctrine et aux commandements de Jésus Christ et de son Église, un amour qui remplit nos vies d’un bonheur et d’une paix que le monde ne peut pas donner (Jn 14,27), même s’il en a tant besoin. N’ayez pas peur des exigences de l’amour du Christ. Craignez, au contraire, la pusillanimité, la légèreté, la recherche de vos intérêts propres, l’égoïsme, tout ce que veut faire taire la voix du Christ qui, s’adressant à chacun d’entre nous, répète : « Je te le dis, lève-toi. » »
La soif de Dieu, la voix du Christ, prend en chaque personne un visage différent. C’est toujours une soif d’amour, une soif de contempler, bienheureux, la beauté et grandeur du Christ, sa manifestation sur la terre des vivants. Il y a ceux qui sont assoiffés de justice, d’autres qui sont assoiffés de miséricorde ou de pardon, d’autres encore sont assoiffés de consolation et de paix. Et chacune de ces soifs peut orienter des vies de manières bien différentes, si on y fait attention tant soit peu, et qu’on décide que ces soifs sont importantes et doivent guider nos actions.
Celui qui « entend » la voix de Dieu, qui croit et voit qu’un amour divin, qui dépasse son individualité, existe en lui, aissera le Christ naître « à Noël », en lui, lui laissera sa chance. Puis viendra le temps de l’épiphanie, les cadeaux des rois mages, où cet homme répondra à cette naissance en reconnaissant que le Christ, incarnation de l’Amour
inconditionnel, est :
- Roi de l’intelligence: l’Amour comme Maître de connaissance et de décision : il lui offrira l’or
- Grand Prêtre du cœur : l’Amour comme « porte de Dieu » : il lui offrira l’encens
- Grand prophète : l’Amour comme Maître d’éducation du corps en faisant par ses actes la volonté de Dieu, il lui offrira la myrrhe
Le Maître par excellence de son intelligence, son cœur, et ses actions.
Mais attention :
- Ne pas croire qu’on a beaucoup de volonté parce qu’on a toujours fait ce qu’on voulait. La volonté est de faire ce que commande l’amour qui m’habite, car on est né pour cela.
- Ne pas croire qu’on est intelligent parce qu’on a réussi dans des exercices intellectuels et qu’on a les diplômes correspondants. L’intelligence est d’utiliser ses capacités intellectuelles au service du Bien et de son expression sur terre, donc de se poser pour réfléchir, hors de toute spontanéité affective, aux
problèmes qui se présentent à moi. - Ne pas croire qu’on a du cœur parce qu’on est ému devant le malheur des autres. Avoir du cœur est ressentir et voir ce dont l’autre, physiquement à mes côtés et non choisi, à besoin pour grandir et s’épanouir, donc le regarder et être en état d’attention constante.
On ne peut pas dissocier l’éducation de notre intelligence, notre corps et notre cœur. Les trois interagissent continuellement. Mais pour une plus grande facilité d’exposé, nous distinguerons trois approches lors des séances prochaines.