Texte des veilleuses
Soyons sérieux et sincère: a-t-on besoin d’un dieu?
La sagesse orientale met à notre disposition cette petite histoire de Nasr Eddin: “Avec ou sans aide?”
Nasr Eddin se rend chez Ie tailleur pour s’y faire faire un nouveau djubbé.
- Pourrais-tu me faire un djubbé dans ce tissu bleu et gris ?
- Certainement, Nasr Eddin, avec l’aide de Dieu !
- Quand sera-t-il prêt ?
- Dans une semaine, si tout va bien, avec l’aide de Dieu.
- Veux-tu être payé maintenant ?
- Avec I’ aide de Dieu, oui, j’aimerais bien.
Nasr Eddin lui fait une avance et il revient une semaine après. - Mon djubbé est-il prêt ?
- Non je n’ai pas pu. Ma femme est tombée malade. Mais elle a guéri heureusement. avec l’aide de Dieu.
- Quand penses-tu le finir alors ?
- Peut-être dans trois jours, avec l’aide de Dieu !
Trois jours plus tard : - Mon djubbé?
- Je suis en manque de tissu mais avec l’aide de Dieu…
- Écoute. l’interrompt Nasr Eddin, maintenant je suis pressé. Essaie de faire sans l’aide de Dieu, ça te retarde I
A-t-on besoin de Dieu et si oui de quel Dieu?
Nous ne pouvons pas satisfaire nos besoins de nourriture, de sécurité, de reproduction, de réflexion, d’affection, tout seul. Nous avons besoin des autres, et nous avons plusieurs options pour y arriver.
Quelles relations allons nous choisir?
Nous pouvons prendre appui sur la force physique, l’autorité, la domination, notre dieu est alors ” La Force”.
Nous pouvons prendre appui sur le calcul, le travail, l’argent, la conception intellectuelle, notre dieu est alors: “L’Action”.
Nous pouvons prendre appui sur la séduction, la manipulation, notre dieu est alors ” La Ruse”.
Nous pouvons prendre appui , de façon totalement insensée, sur “L’Amour”.
Là où est notre appui, notre espérance, là est notre Dieu, qui peut changer en fonction des circonstances. L’Amour est le plus fragile, s’il n’est pas placé en premier il est tué par les autres.
Mais c’est aussi le plus puissant et le seul qui permet d’atteindre l’objectif universel : le bonheur.
Ecoutons François Varillon, prêtre catholique, nous parler de ce Dieu qui est celui choisi par les chrétiens.
” Dieu n’est qu’amour “
“Dieu est amour. Au chapitre quatrième de sa première épître, Jean répète par deux fois cette formule. Et il nous faut comprendre : Dieu n’est qu’amour. Nous savons tous, depuis toujours, que Dieu est amour. Mais qu’il ne soit qu’amour, il n’est pas sûr que nous en soyons convaincus. Et voici comment je méditerai cette vérité. Si Dieu n’est qu’amour je ne dois pas dire que Dieu est tout-
puissant. puisqu’il n’est qu’amour, il n’est pas autre chose. S’il n’en va pas ainsi, ne disons pas que Dieu n’est qu’amour; disons qu’il est tout puissant et qu’il est aussi amour et qu’il nous aime aussi..Je vous demande avec une instance. aussi forte que j’en suis capable d’être impitoyables pour ne jamais, jamais mettre en Dieu autre chose que de l’amour. Donc, il n’est pas tout-puissant; tant pis, pour le moment: pour les conséquences. Dieu est-il grand ? Non, non et non I Il n’est qu’amour. Dieu est-il sage ? Non, non, c’est non. Il n’est qu’amour. Je vous demande de passer impitoyablement par cette phase de négation radicale .Dieu n’est qu’amour. Il faut comprendre par le dedans ce « ne que ». Car tout est dans ce « ne que ». Si nous biffons ce « ne que », nous ne sommes plus devant Dieu, nous sommes devant Jupiter. Et ce n’est pas le moment d’adorer Jupiter. On ne l’a que trop fait et nous le payons très cher. Dans la prière, en vous tenant devant Dieu, faites ce petit exercice. Vous écrivez sur la gauche de votre page :Dieu est. Puis vous placez sur la colonne de droite la liste des « attributs de Dieu », comme on dit, et vous obtenez ceci : Dieu est tout-puissant, infini, , beau, amour, sage, etc.
Puis vous biffez l’amour de la liste des attributs et vous le faites passer comme sujet. Vous avez :L’amour est tout-puissant, infini, beau, sage, etc.
C’est tout. Cela paraît bien simple. Et c’est une révolution si vous voulez bien le prendre au sérieux.
Nous pouvons donc dire, dans une formule qui peut paraître un peu abstraite : L’amour n’est pas un attribut de Dieu, mais les attributs de Dieu sont les attributs de l’Amour.
Si je dis : « Dieu est tout-puissant » je pose un infini de puissance. Le résultat est ce qu’on me disait quand j’étais gamin : « Dieu est tellement puissant que, s’il le voulait, il pourrait m’anéantir et anéantir le monde. » On aboutit à une toute-puissance qui peut être une toute-puissance de destruction. Et on ajoutait : « Mais il nous aime. » Donc finalement, il est très gentil. Cette conception est abominable. Il faut dire clairement : Il n’y a pas d’autre puissance en Dieu que la puissance de l’amour, un amour tout-puissant. C’est un amour dont nous n’avons pas l’expérience.
Priez, je vous en supplie, recueillez-vous profondément. C’est la clé de tout. Dire : « Dieu est tout- puissant mais il nous aime » (ce « mais» est abominable), et dire : « Dieu n’est qu’amour et cet amour est tout-puissant », ce n’est pas la même chose. L’amour est tout-puissant, il est infini, il n’a pas de limites. c’est l’amour de Dieu qui est un océan sans rivages, sans fond. c’est l’amour qui est beau.”
Extrait de “Vivre le christianisme, la dernière retraite du père Varillon ” p 35 à 37 ed centurion
Remercions François Varillon d’avoir pris le temps de nous le dire et remercions ceux qui nous l’ont transmis.